L’ONU intervient en Libye

Mais ce n’est pas un acte de guerre…

Posté par ATB le 24 mars 2011

La résolution de l’Onu du 17 mars dernier est une véritable pantalonnade. Cette décision dont les gouvernements en cause nous disent à l’unisson que ce n’est pas un acte de guerre  ouvre la voie aux bombardements qui ont effectivement lieu depuis quelques jours. On savait que le monde politique pratiquait la langue de bois ou l’art de parler pour ne rien dire, mais ici, il fait très fort. Pour moi, qui suis un homme simple ou normal, larguer des bombes sur des objectifs, ça détruit, ça fait très mal et ça tue. Si cela n’est pas la guerre, qu’est-ce que c’est ?

La Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil ou l’Allemagne se sont abstenus de voter cette résolution et l’Allemagne s’est même inquiété d’un enlisement du conflit. La France et l’Angleterre sont mis en avant dans cette coalition, comme s’ils étaient les décisionnaires principaux de ce qu’on doit bien appeler un acte de guerre, quoiqu’on en dise. La réalité est évidemment tout autre parce que les grands ordonnateurs de cette mission sont les USA sans lesquels rien n’aurait été possible. Cela arrange les américains d’être en arrière-plan comme cela arrange vraisemblablement français et anglais d’être mis en avant-plan pour des raisons électorales.

D’ailleurs la lecture croisée du Washington Post et du NewYork Times lève le doute sur ce point. Ce sont les USA qui ont décidé, seuls, de l’ouverture des débats diplomatiques ouvrant la voie à la force contre Kadhafi. Les autres ne font que suivre le diktat américain parce que cela les arrange, mais ce ne sont que des marionnettes de papier.

Un article visiblement très bien informé du New-York Times (http://www.nytimes.com) décrit le processus qui a mené Obama à se décider à intervenir en Libye. Ce sont trois femmes, Hillary Clinton, Susan Rice (ambassadeur américain à l’ONU) et Samantha Powers (conseiller au National Security Council) qui ont convaincu Obama jeudi dernier (soit AVANT le show Juppé de vendredi devant le Conseil de sécurité) qu’il était possible d’intervenir sans risquer de se lancer dans une opération débouchant sur un nouvel Irak. Le président américain a pris sa décision parce qu’il a été alors convaincu par ces trois femmes que les pays arabes et africains l’approuveraient et ne verraient pas en lui un néo-Bush.

Par la suite, les Américains ont laissé les Français être les petits télégraphistes de leur décision, décision sans laquelle rien n’était possible. En clair, si les trois femmes en question n’avaient pas convaincu Obama, Juppé, Sarkozy et leur résolution se seraient fait retoqués à l’ONU. Du reste, il suffit pour s’en convaincre de lire attentivement le papier du NYT consacré aux coulisses du VRAI pouvoir où s’est joué la prise de décision contre Kadhafi : le nom de Sarkozy n’y apparaît pas une fois…


Quant au leadership français dans la direction des affaires militaires depuis hier, un autre article du Washington Post (http://www.washingtonpost.com) vient réduire la communication sarkozyste sur le sujet à l’état de fable pour les enfants. En effet, dans cet article faisant le point sur le début des opérations militaires contre les troupes de Kadhafi, le Washington Post précise que l’ensemble de ces opérations est placée sous le commandement des forces américaines en Afrique. « The French sorties were followed quickly by the wave of missile strikes against Libyan air defenses. More than two dozen warships and a large number of warplanes made up the initial strike force, which was led by the U.S. military’s Africa command, a senior U.S. military official said. » Encore une fois, la réalité est cruelle: si leadership français il y a, il s’agit d’une politesse faite par les Américains à la France de Sarkozy, « Messieurs les Français, tirez les premiers… Parce que ça nous arrange… » Rien de plus.

Kadhafi est ce qu’il est, la question n’est pas là, nous intervenons en Libye pour le PETROLE, rien d’autre. Les questions humanitaires ne sont que prétextes. Les autorités ont fait tirer dans la foule à Bahreïn, au Yémen, en Syrie et personne ne bouge. De qui se fiche-t-on ?

Cette intervention en Lybie est maladroite, voici maintenant Kadhafi qui crie à la guerre sainte, est-ce nécessaire. Ensuite que penser des trahisons de ces gouvernants qui tendent la main à Kadhafi pour le poignarder dans le dos plus tard, quand cela les arrange. Je suis naïf, me direz-vous, parce que, la politique c’est justement cela. Et bien non, cela ne devrait pas être. C'est parce que nous laissons la politique à des fantoches que nous en sommes là. Comment avoir confiance en des gouvernants qui trahissent. La confiance est la base des relations entre les hommes. C’est aussi la confiance, même subjective, que l’on met dans un pays qui fait sa force économique. Quand la confiance s’envole, tout s’effondre, les masses veulent retirer leur argent des banques et c’est tout le système économique qui vacille.

Nous sommes dirigés par des pitres sans foi ni loi qui semblent ne pas connaître l’histoire de l’arroseur arrosé, mais c’est nous qu’ils mettent en danger.