Lettre au professeur Millière

Nous sommes les modérés, ils sont les extrémistes

Posté par ATB le 11 octobre 2012

Le professeur Guy Millière était chez Frédéric Taddéi (Ce soir ou jamais 9/10/12). J’ai regardé l’émission, comme certains d’entre vous, Guy Millière a laissé un commentaire sur Dreuz.info. Voici celui que j’ai ensuite transmis à Dreuz pour saluer son courage, ses efforts, son combat, son esprit analytique et ses connaissances.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je mets ce texte en ligne, pour une raison fort simple ; L’attitude des gens sur le plateau de télévision est exactement dans la droite ligne de mon dernier texte qui expliquait que TOUT est d’abord soumis au dogme de la gauche omniprésente. Le débat n’existe jamais, tout n’est qu’illusion ou manipulation, en voici la preuve !

Monsieur le Professeur,

Comme je vous l’avais écrit, j’étais avec vous, mais de l’autre côté de l’écran. Vous étiez seul contre tous à défendre le réalisme et la vérité contre le dogme et l’utopie, je m’y attendais, mais, même quand on s’y attend,  le spectacle reste navrant. J’ai vu des corps qui s’agitaient, des bras qui s’animaient, des têtes qui dodelinaient, des lèvres  qui remuaient, j’ai  aussi entendu des paroles dogmatiques surtout, mais je n’ai vu qu’une seule tête digne de ce nom, habitée par un cerveau honnête et bien fait, c’était la vôtre et elle m’a semblé bien seule au milieu de cette mer consensuelle, molle, insipide à l’image de notre démocratie qui file à l’égout.

Il n’y avait pas de dialogue, personne ne répondait à vos affirmations basées sur une solide réflexion et sur une analyse sérieuse parce que ces gens-là s’en foutent, ce sont des têtes creuses qui ne veulent, ni apprendre, ni réfléchir, elles veulent simplement rester dans l’adoration du modèle de l’échec porté par Obama et par l’Europe des nuls. Ces têtes vides aiment ce modèle, parce qu’elles ont inversé les valeurs depuis longtemps et que l’échec de la social-démocratie est, pour elles, un immense succès qu’il faut continuer à imposer aux peuples qui doivent se réjouir d’une pareille aubaine. Au diable la recherche de la perfection, de l’effort permanent, du dépassement de soi, au diable l’efficacité économique et la solidarité dans la réussite (comment faire autrement), vive la dépendance organisée et cette liberté, celle qu’ils aiment et qui, avec ses gens-là, commence simplement avec le droit d’avorter. Pourquoi voler haut quand on peut voler bas, au moins voler bas présente un avantage, quand on tombe, on se fait moins mal.

Alors je ne m’étendrais pas sur Denis Lacorne qui décrit un Romney qui n’existe pas, sinon dans sa tête, et qui serait comme une anguille opportuniste opposant les américains entre eux. Il y aurait les « parasites » et ceux qui produisent, Romney élu, toutes les formes de la solidarité seraient rejetées au nom d’un individualisme égoïste balayant nécessairement toute idée de solidarité et d’impôt progressif (le vieux mythe de la gauche). Vous répondrez, à juste titre qu’Obama n’a pas de bilan digne de ce nom ou présentable, qu’il n’a pas davantage de projets sur quelque plan que ce soit et qu’il ne « peut faire » que dans la campagne électorale caricaturale, à ce moment, dans l’assistance (ou parmi les invités ?), j’ai entendu un grand OOOOOOOOOOOOOOOhhhhhhhh de dégout, comme si vous veniez de dire une chose abominable, inaudible ou honteuse. Sacrilège ;  dire du Dieu Obama que son bilan est inexistant cela tient du blasphème d’ailleurs « ils » en resteront à cette onomatopée parce qu’aucune question sérieuse ne suivra. Pourquoi vous demander des explications, ce serait trop facile et cela pourrait faire s’effondrer le saint dogme, alors, surtout pas !!!

Ensuite, nous avons eu droit à Maboula Soumahoro (qui écrit aussi chez Mediapart, c’est son droit !) qui se demande vraiment si l’image d’Obama le looser qui nous est donnée est la bonne image, correspondant à la vérité du personnage, elle semble le défendre (c’est aussi son droit) mais ce n’est peut-être pas très objectif (la gauche s’en fiche), pourquoi ne regarderait-elle pas son bilan…la peur de la perte du dogme, encore une fois ! Pendant qu’elle parlait, la même voix qui a lâché le ooooooooooohhhhhhhhh, nous précise, dans un souffle sauveur : « Avec Hollande aussi…c’est le même procédé pour les deux». Mais bien sûr, oh céleste voix anonyme, Obama et Hollande sont injustement critiqués, ils sont socialistes et tout ce qu’ils font est bien, même très bien, vive les déficits, vive les idiots et vive les nuls !

Tout sera dans la même veine pendant cette émission, ils nous assureront même la perte des libertés à venir pour les citoyens si, par malheur, Lucifer Romney était élu, bref ce sera la fin du monde, l’enfer pour les pauvres et pour les démunis…j’en tremble déjà !

Ce panel obamalâtre nous dira aussi que le chômage est passé sous la barre des 8%, il refusera le dialogue, tout dialogue avec vous, c’est normal quand le mythe est en marche, il ne faut surtout pas l’arrêter parce que le mythe prime toujours sur la vérité.  Nous avons assisté à un véritable « non-débat » et Macha Méril a tout de suite enchéri en nous disant que le chômage sous la barre des 8% c’était très bon pour Obama…

Jean d’Ormesson que j’aime bien, en général, nous déclarera tout de go à peu près ceci : « Je ne connais rien au hand-ball, je ne connais rien aux paris en ligne, je ne connais rien au communautarisme, je ne connais rien à la situation aux USA, mais si nous étions en France Obama serait élu et je dois dire que j’ai été surpris que Romney ait dominé Obama dans ce débat, mais je ne serais pas surpris si Obama reprenait le dessus… » (L’assistance était réjouie !). Super, super, nous voilà bien avancés, on fait quoi avec  ça !!!

Je pourrais encore en rajouter, je ne le ferai pas, laissons, comme cela a été décidé, la conclusion à Macha Méril (encore !) qui doit être une spécialiste des questions américaines et des questions économiques, elle nous dira avec passion et enthousiasme : « Moi je pense que ce chiffre du chômage, c’est très très important, c’est une arme très forte pour Obama, moi je suis plutôt optimiste et je voudrais qu’on termine sur cette note…et qu’il va repasser…n’est-ce pas ? »

En voilà une belle conclusion qui a échappé totalement au dialogue et qui restera loin des réalités, loin des rigueurs de l’esprit et très très loin de vos analyses, cher professeur Millière que je salue ici avec respect et amitiés.

Vous avez raison, nous le savons, tant mieux pour nous, ils ont tort, nous sommes les modérés, ils sont les extrémistes, tant pis pour eux.

Cordialement
ATB

PS : Lire Guy Millière ici